L'Ajour 31

Valeurs

"Les artistes sont de véritables propulseurs d'idéaux; agitateurs de la pensée libre, nous devons les préserver de la censure dont ils font souvent l'objet, mais aussi, de l'autocensure, terreaux de la pensée unique, en leur offrant des espaces où ils puissent s'exprimer en toute liberté et tranquillité. L'opinion est libre, elle ne peut, n'y ne doit être violentée, nous dit Caldéron de la Barca…"

 

Principes fondateurs de l'Ajour31

 

Vigilant, en embuscade sur un terrain en perpétuel mouvement, foisonnant d'idéaux, de paroles, d'émotions, remuant consciences et corps; zone de turbulence, s'y retrouver oeuvrant dans une parole libre, se rejoindre en ce lieu de délivrance, participer au mouvement de résistance, écouter, entendre, échanger, partager, rompre avec la pensée unique… ici, on ne consomme pas, on fabrique.

 

Se rencontrer, prendre position, décider, vraiment décider. Affirmons nos convictions : défendre la diversité, résister à la tentation exclusive du divertissement, lutter contre toute forme d'hégémonie. Nous devons agir : proposer, défendre, échanger des espaces libres d'expressions, faire entendre les voix censurées, les appels étouffés, les paroles sans voix de ceux et de celles que l'on veut faire taire. ª Nous devons exister et faire exister.

 

La tendance est au divertissement et, c'est sous l'impulsion de certaines institutions culturelles, que cette dérive économique se confirme. Il s'agit donc de ne pas suivre passivement le diktat imposé par l'institution du divertissement. Il s'agit de se battre contre cette obsession récréative qui tend à uniformiser le monde en un vaste parcs d'attraction, où, il est mis en circuit des produits culturels à consommer sur le champs par le plus grand nombre d'individus autour d'un gobelet de pop-corn. Course frénétique du "bon produit" garant d'un remplissage de salle optimal, cette tentation hypnotique à croire qu'un projet artistique ne peut être soutenu que si on s'est assuré qu'il deviendra un bon produit marchant… terreur de l'audimat.

 

Force est de constater que le choix de programmation d'une large partie de nos salles publiques est de plus en plus motivé par des préoccupations de rentabilité. On demande [aux directeurs nommés de les administrer en bons gestionnaires aux services d'un taux de rentabilité qui se doit d'être en constante augmentation. On demande donc à des s "banquiers", avec leurs inextricables calculs mercantiles, de se focaliser essentiellement sur les valeurs rentables du marché dites "sûres".

Nous nous devons de réagir et de rappeler que nous ne sommes pas des marchandises et de souligner ici le rôle prépondérant que le service public se doit d'exercer, et qui plus est, au vue de la situation désastreuse dans laquelle se trouve un très grand nombre d'artistes qui refuse l'uniformisation caractérisée de leurs œuvres en produits culturels distrayants.

 

Une démocratie, digne de ce nom, est tenue d'ouvrir, de multiplier, de soutenir et de préserver les contre-pouvoirs. Il y va de sa santé, mais aussi de la crédibilité de son institution. Toute Démocratie se doit de se stimuler au risque de s'engourdir et laisser la porte grande ouverte aux courants extrémistes. C'est par l'unicité de la pensée et de la parole, que l'autocratie s'installe, c'est par la censure mais aussi l'autocensure qu'un régime du type totalitaire s'enracine, règne et se renforce. C'est pourquoi, nos institutions culturelles doivent participer activement à la bonne marche de notre démocratie, elles sont les garantes de la liberté d'expression et elles doivent considérer tout artiste comme un partenaire à part entière et l'artiste doit pouvoir compter sur les institutions. Le soutien doit être sans faille.

Nous refusons, qu'à travers les différentes aides que nos institutions culturelles proposent, le service public devienne la pompe à finances d'une poignée "d'artistes officiels", comme nous le remarquons malheureusement beaucoup trop souvent.

 

Démarche

Notre démarche a comme but de multiplier nos regards partagés, croisés, regards réunis, champs du sensible, de la création, de l’imprévu, champs de l’inter-culturalité… Notre démarche s’inscrit dans la pluridisciplinarité. Elle se veut plurilatérale pour que chacun de nos projets puisse s'enrichir au contact de l'autre, dans un univers artistique en constance réinvention.

 

La rencontre, la recherche et la réflexion, l'échange d'idées et d'expériences, la mise en commun de nos énergies créatrices, l'entrée en dialogue de "nos mondes"; faire en sorte que la synergie qui s'y développe donne l'envie que la rencontre se prolonge est à nos yeux la clé d’une dynamique artistique fertile et riche pour la création contemporaine.

 

Il nous faut donc inventer de nouveaux espaces de dialogues sensibles, pour y croiser nos regards, pour y croiser nos paroles, pour y croiser nos faits et gestes, pour un dialogue où il est question d'œuvrer avec l'intention de soulever, de révéler les expériences sensibles de chacun et de les soumettre, les confronter à l'usage, aux regards et à la réflexion.

« Il est à mon avis certain que tout art est investi par les puissances refoulées d'une enfance… La création artistique est l'exemple le plus accompli de ce qu'est une sublimation des désirs inconscients. C'est la raison pour laquelle le grand art peut être à la fois provoquant, transgressif, et universel. La subjectivité humaine reconnait en lui la force irrésistible des traces cachées des désirs… Il éprouve dans cette reconnaissance un trouble suspect en même temps qu'une admiration rationnelle. C'est ce mélange que nous appelons le sentiment du Beau. » Alain Badiou, Éloge du théâtre, 2013.

"Le divertissement généralisé"

Nous vivons sous le règne de la banalisation par l’effet de la consommation, sous le régime de l’aliénation des individus par l’effet du divertissement généralisé d’une forme d’étourdissement par lequel les individus sont siphonnés. lire la suite